Il y a des fois on je le demandes si tu n'es pas un parfais idiot, Sora. Franchement... Crois tu que te morfondre et te dire que tout est de ta faute va me faire revenir. Franchement... Bon sang, mais quelle idiote je fais de m'être suicidée, je savais que tu allais devenir complètement détraqué. Non, ne secoue pas la tête machinalement comme si tu ne m'avais pas entendu. Crois le bien Sora, tu peux encore te faire pardonner, il n’est pas trop tard. Je sais que tu as tué Koyoshi... Je t’en veux, tu sais ? Non, ne souris pas de cette façon, tu sais que j'ai en horreur l'hypocrisie. Et tu continu, encore et encore, à te cacher derrière ce masque. Il suffit juste que tu croises quelqu'un pour lui faire croire que tout va bien avec ce regard perçant et ce sourire sadique. Qui penses-tu être, hein ? Tu ne vaux pas mieux que quiconque, Sora. Tu n'es pas plus supérieur que moi ou Koyoshi. Plus je te regardes, plus je t'écoute, plus je me dis que tu aurais mieux fait de rester dans ton monde. Tu as toujours été trop sensible. Mais je suis déçue, tu sais ? Croire à toutes les inepties du Directeur, comme ça, sans qu'il fasse le moindre effort... Tu es vraiment con. Et Alice, hein ? Ça ne te fais rien de torturer une gamine qui n'est même pas impliquée dans nos histoires ? Elle a fait quoi, au juste ? Être la nièce de Koyoshi, être la leader des rebelles, croire en la liberté ? C'est, son fameux crime envers « Monsieur » le Directeur ? Pff, je te croyais plus intelligent, mon pauvre. Non, je ne te permets pas de frapper le mur du bâtiment, il ne t'a rien fait.

Tu soupires, et te diriges vers le jardin floral. Tu aimes bien cet endroit, il t'apaise un temps soit peu dans toute cette absurde agitation. Tu aimes le calme, n'est-ce pas ? Je te comprends. Te spas foulent le sol silencieusement, soulevant parfois un nuage de poussière sèche et brune. Les plantes t'entourent, un parfum enivrant t'attire. Les fleurs de cet endroits dégagent une essences sublime, tu ne crois pas ? Des roses bleues t’accueillent. Il parait qu'il n'y a qu'ici et dans le monde de Terre qu'il en pousse. Crois-tu que cela est vrai ? Tu allumes une cigarette. Combien de fois je t'ai dis que c’est mauvais pour la santé, crétin ! Tu veux mourir d'un cancer, ou quoi ? Tu souris, amusé. Ce que je te dis te fait rire ? Je te préviens, je suis sérieuse. Tu fixes d'un œil vide une rose à peine éclose, portant encore sur elle des gouttes de rosée. Tu trouves ça si beau, ce spectacle silencieux et envoûtant. Le chant d'un oiseau vient troubler ta tranquillité, tu fermes les yeux et t'enferme dans tes pensées obscures. Je les connais toutes.

Tu t'endors. Un monde Chimérique s'ouvre à toi, des larmes coulent de tes yeux. Tu es conscient que ce monde n'existe que dans les méandres de ton esprit, que tout cela n'est qu'illusion. Un monde ou je suis vivante et nous vivons heureux. Un monde où tout les gens seraient égaux. Un monde où Koyoshi serait toujours notre amie, et qu'elle vive heureuse avec sa petite sœur et sa nièce Alice. Un monde ou Yokai Academy est une académie juste et où tout le monde y vit heureux. On dit que nos rêves sont le reflet de nos désirs et nos cauchemars sont le reflets de nos peurs. Penses-tu que ceci soit vrai ? Personnellement, j'y crois. Je ne rêve pas de toute manière, je vis dans ton esprit, pour toi. Pour maintenir ta tête hors de l'eau, et t'aider à garder la face. Ne crois-tu pas que j'en ai marre de te voire sombrer un peu plus chaque jours malgré mes efforts ? Tu m'énerve, vraiment, Sora. Tu m'ignore. Tu es plongé dans ton rêve. Il n'y a que là que tu peux pleurer librement, sourire et rire naturellement. Mais ne crois-tu pas qu'il serai temps que tu revienne à la réalité ? Je t'avais confié une tache importante avant de mourir. Tu fais l'exact contraire de ce que je voulais que tu fasses. Je suis égoïste, mais je pense que redevenir rebelle pourrait t'aider à avancer. Aider ceux qui en ont réellement besoin, et ne pas se sentir supérieur. Je suis sure que tu en est capable.

Quelqu'un t'a tiré de ton rêve. Tu clignes des yeux de nombreuses fois avant que tes iris dorées ne s'habituent au soleil. Tu es allongé à terre, un bras posé en travers de ton visage, cachant l'un de tes yeux. Ton autre bras est grossièrement posé près de tes cotes. A en voir le trajet du soleil dans le ciel, tu te dis qu'une heure ou deux ont dues s'écouler. Une odeur qui se détache de celles des plantes attire ton attention. Tu tournes la tête vers une forme noire penché à quelques centimètres de toi. Un jeune élève te fixe, visiblement étonné de te retrouvé allongé par terre, avec les larmes aux yeux qui plus est. Tu le fixe, vide. Tu es fatigué, tu n'as pas la force de lui crier dessus parce qu'il t'a réveillé. Tu le détailles de haut en bas. Un jeune garçon, tu ne lui donnes pas plus de quatorze ans. Habillé de noir, des habits légèrement anciens, un look étrange. Un visage efféminé te fais face. Tu ouvres plus grand les yeux. Oui, tu as bien vu. Un visage efféminé.  Des cheveux noirs, ébouriffés, un visage encore rond et une peau pâle. Dans un sens, tu trouves qu'il ressemble un peu à Alice. Sa façon de s'habiller, la couleur de ses cheveux, sa couleur de peau, bien qu'Alice soit bien plus blême que lui. Mais le seul détail qui attire ton regard, c'est ce bandeau noir qui recouvre l’œil droit de cette personne. Un unique œil bleu te regarde, tu regarde cet unique œil bleu. Le temps semble s'être arrêté. Tu le trouves plutôt mignon, mais un peu trop jeune pour toi.
Puis tu lui souris de la façon la plus hypocrite que tu puisse faire. Garder cet air effrayant pour ne pas laisser percer tes sentiments...

Tu sais Sora, quand tu es arrivé à l'académie, j'ai été déçue, très déçue. Je n'en ai fait part à personne, mais j'ai largement préféré que tu reste dans ton monde et que tu ne connaisse pas toute cette souffrance. Peut-être que moins de gens seraient morts et... Non, le Directeur est avide de pouvoir. De n'importe quelle manière, il se serait servis d'une autre personne pour nous anéantir. Si ça n'avait pas été toi, ça aurait été peut-être Koyoshi, voir même Heileen qui est pourtant si sage et si fière. Je ne t'accuse de rien, Sora, après tout on te manipule. Mais j'aurais au mins espéré que tu ne fasses pas la bêtise de croire toutes les inepties de monsieur le Directeur. Je t'adore plus que tout autre chose, mais là, tu me couvre de honte. Aah, mais quelle idée j'ai eu de m'incruster dans ta tête au lieu de me réincarner en Doll. Je suis vraiment une idiote. Tu me fais vraiment faire n'importe quoi, Sora. J'aurais du aller dans la tête de Heileen, tient. Raah, que de bêtises.

Tu a l'impression d'immerger d'une sieste en plein océan. C'est comme si tu venais de sortir d'une eau gelée, tant tu as du mal à assembler des idées claires. Tu fixe ce gamin avec étonnement, et avec une rare curiosité que tu cache au plus profond de te tête, mais tu sais, j'ai accès à tous ces sentiments. Tu as beau le détailler de haut en bas, tu ne le reconnais pas, tu te demandes même quel est son nom. Tu ricane intérieurement pour l'avoir pris pour une fille au début. Tu trouves également dommage qu'un si jeune être sois borgne – c'est du moins ce que tu crois en voyant ce cache-oeil – et tu le prends en pitié. Cependant, il semble lui aussi intrigué. Je pense que tu lui fais peur, comme à beaucoup de petits nouveaux. La seule qui ne semble pas effrayée pour le moins du monde devant cet affreux sourire, c'est la petite Alice.

-T'es bizarre toi !

Tu sursautes. Ces mots ne semblent pas atteindre ton cerveau tant la stupeur t'a figé. Tu ne réagis pas pendant plusieurs secondes, puis, quand tu arrive enfin à assembler correctement ces trois mots dans le bon ordre, tu te mets à froncer les sourcils. Tu te demandes quel est le problème de ce gamin. Tu sais quoi ? Je penses qu'il a entièrement raison. Tu es vraiment très bizarre depuis que je suis morte. Et tu sais quoi ? Il serait temps que tu fasse son deuil.

Le gamin se rend alors compte de ce qu'il vient de dire, et plaque ses mains contre sa bouche. Tu le regarde tourner lentement la tête pour éviter ton regard furieux. Il rougit, tu trouves alors qu'il ressemble à une tomate comme cela. Je ris. Tu soupire intérieurement, blasé par mes réactions infantiles. Il secoue la tête comme un petit chien , tu continus de le fixer comme si tu allais l'assassiner. Et je regarde la scène depuis ton esprit.

Le petit sort alors un mouchoir en dentelle de sa poche et te le tends après quelques seconde d'hésitations. Tu ne réagis pas, toujours autant en colère contre cet soi-disant petit effronté. Il te jette des coups d’œils discrets tout en évitant avec soin ton regard félin.

-Dé-désolé... Mais je voulais dire... Si tu as envie de pleurer, tu devrais pleurer, au lieu de mentir.

Tu écarquille les yeux, et tu te retiens de toute tes forces de l'attaquer. On voit pourtant à quel point la rage t'a gagné tant tu tremble violemment. Le regard bleu de l'enfant croise alors le tien, et tu remarques  la sincérité caché au fond des ses yeux. Tu es cependant toujours très en colère, et ce ton désapprobateur n’arrange rien. Je ris. Et tu soupires intérieurement tant mon comportement enfantin t’insupporte en ce moment.  

-Après tout, ton affreux sourire-là, c'est un mensonge non ?

C'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase. Furieux, tu te relève brusquement et empoigne le petit par le col, et approche ton visage du sien. Je vois que ne sais toujours pas contrôler ta colère, tu me fais vraiment honte. Tu ne m'écoute toujours pas ? Tant pis, tu ne viendras pas te plaindre quand une personne de plus te détesteras, dans ce cas. Tu devrais te calmer Sora, c'est une mauvaise chose d'agresser les élèves, et tu le sais autant que moi. Pourtant, tu continues de le tenir en l'air comme s'il n'était qu'une vulgaire poupée de chiffon. C’est du moins l'impression qu'il te donne tant il est léger.

-Pour qui tu te prends, sale morveux ? Articules-tu avec difficulté, la voix rendue rauque par la haine. On ne t'as jamais appris à respecter te profs ou quoi ? Dégage avant que je décide quoi faire de ton cas !

Tu le relâche sèchement, le faisant tomber par terre par la même occasion. Ta haine diminue un peu, mais pas assez pour que tu t'excuse auprès de ce pauvre gosse. Je te préviens Sora, si tu ne t'excuse pas un minimum auprès de cet enfant  dès maintenant, je ne te parles pas pendant une semaine ! Et non, ne te moques pas saleté, je suis absolument sérieuse ! Attends, comment ça je ne tiendrais pas une seule heure ? Mais je t'emmerde !

Tu te retournes, et ignore ce gamin pour aller t'asseoir sur le banc le plus proche, avant  d'aller ta deuxième cigarette de la journée. Nan mais stop là, tu veux vraiment crever ? Comment ça, pour être avec moi ? Nan, j'veux pas de toi ! Je suis très bien là où je suis, à  faire mon enquiquineuse de service à te torturer mentalement ! Hey, tu m'écoutes au moins ?

-T'es toujours là ?

Tes mots sont adressé au petit brun qui n'était toujours pas parti. Ton regard froid se dirige vers lui, et tu le fixes avec indifférence. S'il ne sors pas traumatisé de cet incident, je le considérerais comme un héros. Et arrête de te rire comme un idiot, Sora !