Tu soupires, derrière la porte du bureau de « Monsieur » le Directeur. Depuis combien de temps attends-tu, hein ? Une heure, ou peut-être deux ? Dans ce long couloir angoissant, où il n'y a que des tableaux des différents Directeurs de cette académie affichés aux murs, tu soupires. Pourquoi t'avait-il convoqué dans son bureau déjà ? Ah oui, tu te souviens, un humain s'est introduit dans l'académie et tu dois le récupérer. On t'a demandé d'attendre dehors, et c'est ce que tu fais. On te demande beaucoup de choses en ce moment... Par exemple, torturer une gamine parce qu'elle est la leader des rebelles. Ça t'amuses un peu, mais au fond, tu culpabilise. La voir serrer les dents sans hurler, sans même se plaindre ni même verser une larme, ça te rend terriblement stressé. Te ferait-elle revenir sur tes décisions. Elle est si fragile, n'aurais-tu donc aucune honte à lui faire du mal, à briser son fragile corps de porcelaine. Pour toi, elle n'est rien de plus qu'une mission que t'as confié « Monsieur » le Directeur. Mais n'aurais-tu pas envie de contester ses ordres. Surtout pas... Tu es horrifié rien qu'à l'idée de décevoir cet homme qui t'a montré la bonne voie, qui t'a remis sur le droit chemin. Quand te rendras-tu compte que celui que tu considère comme ton maître est un monstre sans cœur ? Oh, et puis zut, tu m'énerves...

On te dis d'entrer, tu t’exécutes comme un bon petit chien. Ton souffle se coupe, ton regard se fige sur l'unique personne présente dans cet immense bureau, et tu observe sans rien dire. Le temps semble s'être arrêté. Tu fais un sourire qui sonne horriblement faux. Tu fais pitié mon pauvre... Que crois tu ? Que je me laisserais abuser par ce sourire idiot. Le Directeur te répond par un regard pervers. Il me fais frissonner. Tu n'oscille même pas. Ton regard décline vers le sol. Serais-tu d'accord avec moi ?

-Aaah, Sora. Te voilà. J'ai une mission à te confier.

-Je sais Monsieur. On m'a prévenu ce matin même.

-Bien. Très bien... Donc tu connais ton objectif ? Je compte sur toi !

-En effet. Je ne vous décevrais pas.

-Tant mieux. Tu peux disposer.

Tu le regarde une dernière fois avant de tourner lentement les talons et de t'en aller pour te mettre en chasse. Tu sais que je n'aime pas quand tu fais ce genre de sourire sadique. Tu me fais peur Sora. Redeviens ce garçon si gentil et si innocent que j'ai connu. J'ai l'impression que tu es quelqu'un d'autre.

Ton ombre se dessine sur les murs du couloir. Tes pas résonne comme une mélodie macabre et pour ne rien arranger, ton sourire fais fuir le peu d'élèves téméraires qui avaient eu l’audace de ne pas s'enfuir à ton approche. Ton te mets à rire dangereusement. Est-ce réellement toi ?

-Dites, vous, là ! Z'auriez pas vu une personne se conduire bizarrement depuis ce matin ?

-N...Non monsieur, on n'a rien vu de suspect, on vous le jure !

Et ils s'enfuient en courant, face au poids insistant de ton regard vide de sens. Tu soupire et reprends ta marche. Les mains dans tes poches, un sourire nonchalant, ta capuche relevée sur ta tête de façon à cacher ton visage. Tu siffles.

Où peut donc bien se cacher cet humain, Hein ?